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cherchaient à se rapprocher le plus possible de l’esprit de leurs élèves et à les élever peu à peu à leur propre niveau. C’est en quelque façon d’après le même système que certains missionnaires se bornent presque exclusivement à l’éducation. Ils ont appris à reconnaître l’hindouisme comme un corps de croyances et d’idées qui, bien que logiquement absurdes, sont trop fermement mêlées avec les fondements de la société pour qu’elles puissent en être arrachées tout à coup. La société doit être améliorée et recevoir une sorte d’éducation avant de consentir à renoncer aux superstitions du passé. Jusqu’alors une religion plus élevée ne pourra être reçue, ou, si elle l’est, elle ne le sera que d’une manière imparfaite et défigurée. Comme instituteurs, les missionnaires protestants ont obtenu dans l’Inde un remarquable succès. En comparant leurs écoles avec celles qui sont sous la surveillance de l’État, on n’aurait qu’un témoignage insuffisant de ce qu’elles ont accompli ; mais nous devons jeter un coup d’œil en arrière sur les trente dernières années, pour voir combien le mouvement concernant l’éducation’s’est répandu dans l’Inde. Nous trouverons alors que les chefs du mouvement ont été des missionnaires, ou du moins que c’étaient des missionnaires qui les soutenaient ; on peut donc dire que, dans tous les cas, c’est aux travaux des missionnaires qu’on doit surtout l’instruction et la civilisation européennes dans l’Inde. Toutefois les’missions ont échoué dans leur attaque directe contre l’hindouisme. Il parait incontestable que les doctrines distinctives que les missionnaires envoyés par des sociétés d’Europe sont chargés d’enseigner ne seront jamais celles des peuples de l’Inde. L’hindouisme, dans sa forme actuelle, parait destiné à cesser d’exister, mais il paraît non moins certain que le christianisme ne le remplacera pas[1]. Ce qu’il y a maintenant de

  1. Loin d’admettre ces opinions du « Pioneer », je les crois fausses. D’ailleurs, le rédacteur de ce journal me paraît être un Hindou libre