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wali de l’Hindoustan ont fait le voyage de Calcutta pour rendre honneur au Prince, à tous les endroits de la route par où ils passèrent ils dépensèrent des lakhs de roupies. Or il faut savoir si les Indiens ne préfèrent pas une aussi grande largesse à la générosité européenne, qui, à l’exception de la dépense officiellement connue, ignore le nom de la munificence royale, car c’est un grand contentement lorsque l’abondance parvient aux serviteurs de Dieu par l’entremise des émirs. Voilà ce qu’on nomme la largesse asiatique et la libéralité dont les Hindoustaniens ont l’habitude. C’est ainsi qu’ils disent que le Prince en nous honorant de sa visite devait dépenser au moins dix à vingt karor de roupies, qu’alors les Indiens auraient su qu’il était venu, parce que son arrivée aurait amené l’abondance. Mais, si ce n’est de montrer sa bonne mine aux Indiens, aucun avantage ne leur est parvenu. Donc, bien qu’ils paraissent heureux extérieurement, toutefois leur cœur ne peut être content…

« Il est vrai que notre gouvernement en répandant la science a déployé une grande générosité ; toutefois il ne paraît en être résulté pour l’Hindoustan qu’une cause de pauvreté. Des karor d’étudiants qui sont préparés dans les écoles, par quelle industrie peuvent-ils gagner leur vie ? Plût à Dieu que le gouvernement, avec cet enseignement qu’on peut appeler sec, eût fondé çà et là des établissements pour utiliser les connaissances acquises… On pourrait penser alors qu’il s’ensuivrait quelque abondance. Mais que peuvent faire les Indiens ? Le fait est que l’administration aime la science, et cependant les gens de science disparaissent peu à peu, car pour eux il n’y pas d’emploi qui puisse leur donner des moyens d’existence… Est-ce une assistance lorsque, par exemple, après qu’un typographe en dépensant quelques mille roupies a imprimé deux mille exemplaires d’un ouvrage, que le gouvernement en achète deux ou trois, ou que si on publie un journal le gouvernement en prenne deux, quatre ou même dix ou vingt exemplaires, donnant