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musulmans s’agitent dans tout le continent asiatique, ce qui annonce que l’islamisme est bien loin de s’effacer, comme quelques personnes le croient en Europe et comme l’espère, avec tous les bons chrétiens, le savant et respectable évêque de Lincoln, le T. R. Dr. Ch. Wordsworth[1]. Ce mouvement ne vise à rien moins qu’a une régénération complète de l’islamisme. Il se manifeste non-seulement en Turquie, mais à Bokhara, à Khiva, à Khokhand, à Kaschgar. En Chine, les musulmans cherchent toujours à secouer le joug chinois. Il parait qu’ils y font de grands et rapides progrès[2], et qu’ils se préparent même, dans les provinces éloignées du centre, à une nouvelle insurrection qui sera cette fois soutenue par des tribus guerrières non musulmanes, impatientes du joug compassé de l’empire dit ce Céleste ». Dans le Tonquin il y a cinquante mille musulmans habillés à la chinoise, mais fidèles à leur religion. Ils y ont dix mosquées dans lesquelles ils font leurs prières[3]. Dans l’Inde ils savent se faire craindre, et obtenir des concessions du gouvernement anglais ; partout enfin il y a chez eux un véritable réveil qui semble excité par le dédain européen.

Yacub Khan, chef de Khaschgar, a accueilli avec honneur le neveu du gouverneur de Moméin qui, avec une trentaine de ses officiers, mourut l’épée à la main pour soutenir l’indépendance musulmane, et il a témoigné l’intention de recevoir volontiers les réfugiés musulmans de la Chine[4].

À Lakhnau, le 8 novembre 1875, Mirza Kalb Ali Khan fit une conférence devant beaucoup de notables indigènes et Européens, dont l’Awadh Akhbâr donne la liste[5], sur un

  1. « The Mohamedan Woe, and its passing away, a sermon », in-8o, 1876.
  2. Panjâbî du 12 juillet 1876.
  3. Awadh Akhbâr du 30 avril 1876.
  4. « Indian Mail » du 12 juin 1876.
  5. N° du 12 novembre 1875.