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LA LANGUE
ET
LA LITTÉRATURE HINDOUSTANIES
EN 1871.

I. Pendant l’année si malheureuse pour la France qui vient de s’écouler, l’Inde ne s’est pas arrêtée dans la voie du progrès : elle y a au contraire marché d’un pas plus résolu qu’auparavant, et je vais essayer de le montrer.

Je ne répéterai pas ici ce que j’ai dit tant de fois sur l’éclosion de l’urdu (ourdou), sur son extension[1] et sur la lutte qu’il a maintenant à soutenir contre le dialecte qui l’a précédé et qui n’a pas cessé de l’accompagner : l’hindi.

Un savant Hindou de Surate, Ganpat Ram, en véritable patriote et libre des préjugés de la plupart de ses coreligionnaires, a publié une lettre fort sensée et bien raisonnée sur la nécessité d’adopter une langue générale pour toute l’Inde, et dans ce cas de ne songer à aucune autre qu’au véritable hindoustani[2], enrichi des mots arabes et persans de la conquête musulmane, mais avec la concession des caractères dévanagaris, usités pour l’hindi, au lieu des caractères persans. Cette lettre, adressée à l’éminent Saïyid Ahmad, qui a tant

  1. J’ai publié à ce sujet un petit travail spécial dans les Mémoires de l’Académie de Caen, volume de 1870, pendant mon séjour dans cette ville.
  2. On trouve usités dans toute l’Asie des mots hindoustanis. Dumont d’Urville nous apprend, par exemple, qu’à Tonga-Tabou on nomme nâchî « pantomime » les fêtes du pays, qui consistent surtout en nâch « danses ».