Page:Garcin de Tassy - L'Islamisme d'après le Coran - l'enseignement doctrinal et la pratique (3e édition, 1874).pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de génie, une grande horreur pour le vice, un ardent amour pour la vertu, une sincérité et une bonne foi peu communes, au point que ses compatriotes lui donnèrent le nom d’Amin, l’homme sûr. Dans les voyages qu’il fit en Syrie pour le commerce d’échanges auquel il se livrait, il fréquenta des chrétiens ; il eut connaissance de leurs livres sacrés et put ainsi s’abreuver à la source de l’éternelle vérité. Dès lors son âme élevée, qui pliait en gémissant sous le joug de la superstition, se réveilla comme d’un songe ; éclairé par la Bible, il put se convaincre qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule vraie religion[1] dont les dogmes fondamentaux (l’existence d’un Dieu unique et la vie future) avaient été annoncés chez les différents peuples par des prophètes envoyés de Dieu[2]. Jetant un regard sur l’Arabie, il la vit adonnée au culte le plus grossier, quoique les noms d’Abraham et d’tsmael, que ses habitants prononçaient quelquefois dans leurs prières, pût leur rappeler qu’ils avaient jadis reçu le dépôt sacré de la foi. Son

  1. Voir sur Mahomet un jugement analogue par Kennedy, Trans. of the litt. Soc. of Bombay, III, 392.
  2. Les musulmans, suivant ce système, donnent le nom de prophète à Zoroastre, à Manès, etc.