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À son côté son tambourin sommeille,
Le tambourin aux magiques accents.

Entends-tu la note
Qui flotte ?

L’enfant amour, sous la tente est entré,
L’enfant amour de Bohême, farouche.
Il a saisi le tambourin doré.
Il a frappé la fille sur la bouche.
Et la bouche a rougi comme un tison.
Il a frappé le sein qui se dérobe,
Et comme un daim blessé dans le gazon
Bondit. Enfin, il soulève la robe ;
Il a frappé le ventre triomphant.
Soudain, la vierge enflammée, éperdue,
S’est élancée ; elle arrache à l’enfant
Le tambourin doré. La peau tendue
Mugit, et Ia, de son bras frémissant,
Brandit aux cieux l’airain retentissant.

Entends-tu la note
Qui flotte ?
Qui trotte ?
Entends-tu ? le bruit
Poursuit,
S’enfuit.
Et la peau résonne,
Le cuivre frissonne,
Entends-tu, sans frein,
Gronder le refrain,
Bondir la cadence ?
C’est le tambourin
D’airain,
C’est le tambourin
Qui danse.

Sur le coursier noir, aux sabots ailés,
S’est élancée Ia, la vierge embrasée.
Il a henni vers la brume rosée
De l’Occident, trois fois ; puis dans les blés
Incendiés, sous les bois emperlés
De soleil, il est parti, plus rapide
Que l’aquilon. Là bas, dans le vallon,
Dort le camp. Ia, sur le sombre étalon,
Est étendue en sa blancheur limpide.
Ses cheveux sans fin flottent, son talon
Presse le flanc de ténèbres, l’espace
Siffle en fuyant son formidable train.
Après le mont, le val, la plaine passe.
Toujours plus fort chante le tambourin.

Par les sentiers, bordés de citronnelle,
Page, beau page, à quoi vas-tu rêvant ?