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le Sahitaya Sammelans[1] que notre réveil national ne se borne pas uniquement à la politique. L’enthousiasme montré à ces réunions témoigne d’un heureux changement. Nous donnons dans notre pensée aux langues indigènes la place qui leur appartient dans notre existence nationale. La prophétie de Raja Ram Mohan Roy, affirmant que l’Inde deviendrait un pays de langue anglaise, est acceptée aujourd’hui par beaucoup de personnages importants. L’esprit du grand réformateur vit encore en quelques-uns. Un certain nombre de nos hommes éminents généralisent hâtivement et se déclarent en faveur de l’anglais comme langue nationale. La position qu’occupe actuellement l’anglais comme langue des tribunaux a sur leur opinion une importance excessive. Ils ne voient pas que le rang occupé par l’anglais à l’heure présente n’est pas à notre éloge et ne tend pas au développement d’un véritable esprit démocratique. Que des millions d’hommes apprennent une langue étrangère pour la commodité de quelques centaines de fonctionnaires, c’est le comble de l’absurdité. On cite fréquemment un exemple pris dans notre ancienne histoire et démontrant la nécessité d’une lingua franca, pour donner plus de force au Gouvernement Central du pays. Personne ne nie la nécessité d’une langue commune, mais ce ne peut être l’anglais. Il faut que les fonctionnaires reconnaissent les langues indigènes. La seconde raison qui fait appel aux sympathies des anglicistes, c'est la position de l’Inde dans l’Empire Britannique. L’argument, pour dire la chose exactement comme elle est, revient à demander à

  1. Sahitaya Sammelans : Congrès Littéraire.