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serais pas dans l’obligation d’endosser la responsabilité de Chauri-Chaura[1]. L’école de Non-Violence restreinte continuera alors à prospérer obscurément, mais sans le fardeau terrible de responsabilité qu’elle porte aujourd’hui.

Pourtant, si la Non-Violence doit demeurer la politique de la nation, nous sommes tenus, pour sa réputation et celle de l’humanité, de la pratiquer à la lettre et selon l’esprit. Et si nous voulons aller jusqu’au bout de cette politique, si nous croyons en elle, nous devons sans tarder nous réconcilier avec les Anglais et les coopérateurs. Il faut qu’ils nous certifient qu’ils se sentent en complète sécurité parmi nous, qu’ils nous considèrent comme des amis, bien que nous appartenions à une école de pensée et à une politique radicalement opposées. Il nous faut les accueillir sur nos estrades, comme des invités de marque, et les rencontrer sur des estrades neutres comme des camarades. Il nous faut élaborer une ligne de conduite pour les rencontres de ce genre. Il ne faut pas que notre Non-Violence donne naissance à la violence, à la haine et au mauvais vouloir. Nous serons jugés selon nos œuvres, comme le reste des mortels. Un programme de Non Violence pour obtenir le Swarâj demande, bien entendu, une certaine habileté pour organiser les affaires sur une base non-violente et nécessite que l’on inculque l’esprit d’obéissance. M. Churchill, lequel ne comprend que l’évangile de la force, a parfaitement raison lorsqu’il

  1. Des troubles avaient eu lieu au début de l’année à Chauri-Chaura dans les Provinces Unies ; ils forcèrent Gandhi à suspendre la proclamation de la Désobéissance Civile.