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inhérentes à toutes les institutions humaines qui ne valent que pour des conditions normales. Une décision favorable pour le peuple aurait eu comme conséquence d’exposer le Gouvernement Indien à une extrême déconsidération, dont il lui eût été très difficile de se relever, de toute une génération.

On peut juger de la signification politique de l’événement par ce fait qu’aussitôt la nouvelle parvenue à Lahore, tous les préparatifs commencés pour la réception de Lala Lajpatrai furent décommandés et que le bruit courut que la capitale du Pendjab était en grand deuil. Un discrédit plus profond frappe donc le Gouvernement par suite de ce jugement, car à tort ou à raison l’opinion populaire considérera que, sous la Constitution Britannique, il n’existe pas de justice lorsque d’importantes considérations politiques ou de race entrent en jeu.

Il n’y a qu’une seule manière d’éviter la catastrophe. L’esprit humain et en particulier l’esprit indien est sensible à la générosité. J’espère que le Gouvernement du Pendjab ou le Gouvernement Central annulera immédiatement, sans qu’une agitation ou des pétitions soient nécessaires, les condamnations à mort et, s’il y a la moindre possibilité, rendra en même temps la liberté à tous ceux qui ont fait appel. D’abord et ainsi que je l’ai déjà dit, deux considérations d’égale importance le demandent : premièrement, gagner à nouveau la confiance du public, secondement, obéir textuellement à la Proclamation Royale. Cet important document politique ordonne la mise en liberté de tous les délinquants politiques quand elle ne saurait être un danger pour la société. Personne ne peut dire que les vingt-et-un condamnés