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L’UNION HINDOUE-MUSULMANE


Monsieur Candler, journaliste anglais, m’a demandé il y a quelque temps, dans une interview imaginaire, si l’expression de mes sentiments hindous-musulmans étant sincère, je mangerais et boirais en compagnie d’un Mahométan et accepterais de donner à un Mahométan ma fille en mariage. Cette question m’a été posée à nouveau sous une autre forme par des amis. Est-il nécessaire pour l’Union Hindoue-Musulmane que ses membres prennent leur repas en commun et qu’ils se marient entre eux ? Ceux qui m’ont posé cette question ajoutent que si ces deux points sont essentiels, une véritable union ne saurait exister : car des milliers de Sanatanis[1] ne pourraient se résoudre aux repas en commun et encore moins à des mariages mixtes.

Je suis de ceux qui ne voient pas dans les castes une institution nuisible. À l’origine, c’était une coutume saine, tendant au bien de la nation. Pour moi, l’idée qu’il soit nécessaire au progrès national de se réunir pour manger et boire, ou de s’allier par des mariages, me semble une superstition empruntée à l’Occident. Manger est une opération vitale, tout autant que la plupart des autres nécessités physiologi-

  1. Sanatanis : hindous pratiquants, convaincus.