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mes aient à filer ou le tisserand à tisser. » Ceci a été dit textuellement par des gens qui réfléchissent. Je me permets de suggérer qu’il se cache une double illusion derrière une pareille proposition. L’Inde ne peut pas attendre un régime protectionniste, et ce protectionnisme ne fera pas baisser le prix des vêtements. Secondement, ce protectionnisme sera inutile aux milliers d’êtres qui meurent de faim. On ne peut leur venir en aide qu’en leur procurant le moyen d’ajouter à leurs gains, en leur rendant leur industrie qui est de filer. Par conséquent, que nous ayons ou non un système protectionniste, il nous faudra toujours faire revivre le filage à la main et encourager le tissage.

Lorsque la guerre faisait rage, tous les bras disponibles d’Amérique et d’Angleterre furent employés à construire des navires et il s’en construisit avec une rapidité surprenante. Si j’en avais le pouvoir, je ferais apprendre à tout Indien à tisser et à filer, et je l’obligerais à y consacrer chaque jour un certain temps. Je commencerais par les écoles qui sont des unités organisées toutes prêtes. Multiplier les filatures ne peut résoudre le problème. Il leur faudrait trop de temps pour remédier à l’épuisement, et elles ne pourraient pas distribuer les 600 millions de roupies à nos familles. Elles ne feraient que concentrer le labeur et l’argent et ajouteraient à la confusion.

10 Décembre 1919