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disparaître si nous ne nous réveillons pas à temps. Le Pendjab nous montre ce qu’il peut faire. Mais au Pendjab aussi il disparaît rapidement. Chaque année voit diminuer la quantité de fil préparé à la main, ce qui signifie une pauvreté plus grande et plus d’oisiveté. Les femmes qui n’emploient plus leur temps à filer le passent à bavarder et ne font pas autre chose.

Pour obvier au mal, il est indispensable que tout Indien instruit et se rendant compte de son devoir élémentaire, offre immédiatement un rouet aux femmes de son entourage et leur procure le moyen d’apprendre à filer. Des millions de mètres de fil peuvent ainsi être filés chaque jour. Tout Indien cultivé prêt à porter le tissu fabriqué avec ce fil, aidera à faire renaître la seule industrie villageoise de l’Inde.

Sans industrie villageoise, le paysan indien est perdu. Il ne peut vivre du produit de la terre. Il a besoin d’une industrie complémentaire. La plus facile, la plus économique et la meilleure est celle du rouet.

Je sais que c’est demander une révolution dans notre conception mentale. Et parce que c’est une révolution, je prétends que le Swadeshi mène au Swarâj. Une nation qui peut économiser 600 millions de roupies chaque année et distribuer cette somme énorme parmi les fileurs et les tisserands, travaillant chez eux, aura acquis une puissance d’organisation et d’industrie qui doit la rendre capable de faire tout le nécessaire pour son développement.

Le réformateur porté à la rêverie murmure : « Attendez que j’aie un gouvernement responsable, et je protégerai l’industrie dans l’Inde, sans que les fem-