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latt[1] furent promulguées, j’eus le sentiment qu’elles portaient une telle atteinte à la liberté de l’homme qu’il fallait faire tout ce qui était possible pour les combattre. Je remarquai également que tous les Indiens s’y opposaient. J’avancerai l’opinion qu’aucun État, si despotique qu’il soit, n’a le droit de décréter des lois qui répugnent à la masse entière d’un peuple, encore moins un gouvernement comme le Gouvernement Indien, soumis à des coutumes et des précédents constitutionnels. J’eus également l’impression que l’agitation qui s’annonçait aurait besoin d’être guidée vers un but défini pour ne pas prendre un cours trop violent ou s’écrouler complètement.

Le 6 avril. — Je me hasardai donc à faire connaître le Satyâgraha au pays, en insistant sur son caractère de Résistance Civile ; et comme ce mouvement est essentiellement intérieur et purificateur, je suggérai une journée de jeûne et de prière et l’arrêt de tout travail, pour le 6 avril. Cette proposition fut accueillie avec un enthousiasme merveilleux dans toutes les parties de l’Inde, bien qu’il n’y eût aucune organisation et peu de préparatifs : l’idée avait été communiquée simplement au public dès qu’elle m’était venue à l’esprit. Le 6 avril, le peuple n’employa aucune violence ; aucune rencontre qui vaille la peine d’être mentionnée n’eut lieu avec la police. Le hartal fut essentiellement volontaire et spontané.

On m’arrête. — L’observance du 6 avril devait être suivie de Désobéissance Civile. Le Comité du Sat-

  1. Voir R. Rolland, o. c. p. 27 et suiv. Les Bills Rowlatt, présentés en février 1919, suspendaient les rares libertés existantes dans l’Inde.