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combat ; et le plus héroïque n’est plus celui qui se livre au front des armées nationales. Il leur plaît d’ignorer. Qu’ils regardent autour d’eux ! Qu’ils regardent devant eux, ce qui se prépare dans l’avenir : luttes révolutionnaires, luttes de classes, luttes de races ! Et la plus haute de toutes : lutte des âmes, guerre de l’Âme !

Nous leur offrons ici le spectacle de cet autre combat, qui, de l’Inde, se propagera peu à peu sur la terre. Qu’ils l’accablent, s’ils veulent ! Qu’ils le déshonorent, s’ils peuvent ! Ainsi Rome voulut faire avec les premiers chrétiens. Il fallut bien, un jour, qu’elle transigeât avec eux : « In hoc signo vinces »… — Il est vrai qu’ensuite elle les acheta.

Mais nous n’en sommes pas là. Historien de métier, habitué à voir passer et repasser le flux et le reflux des grandes marées de l’Esprit, je décris celle-ci qui se lève, du fond de l’Orient. Elle ne se retirera qu’après avoir recouvert les rivages de l’Europe.

Romain ROLLAND.


Juillet 1924.