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— Mais il faut oser. « L’essence de l’expérimentateur est d’oser ». Gandhi a appris de l’Occident « l’énergie », et il veut l’inoculer à l’Inde[1]. — « Aucun général digne de ce nom ne renonce à la bataille, par la crainte des revers ou des erreurs »[2]. Il se recueille, il médite, il prépare, et il ose. — Gandhi ose. Son audace va très loin. En août 1920, il refuse d’attendre le vote du Congrès, qui représente la nation, pour déclencher l’action expérimentale de Non-Coopération : — « Quand on possède la foi en une action, attendre que le Congrès (c’est-à-dire la nation) se prononce serait folie. Il faut au contraire agir et démontrer l’efficacité de son action, afin de décider la nation à l’adopter »[3]… « La meilleure façon de servir la nation » est parfois d’agir à l’opposé de ses opinions.

Mais s’il se trompe ? Eh bien, que tout retombe sur lui ! Il sera écrasé. Bien entendu, s’il agit en dehors du Congrès, ce n’est pas au nom du Congrès, c’est à ses risques et périls. Il saura porter tout entière la responsabilité de sa défaite.

« Je me considérerais comme indigne de diriger une cause, si je craignais de ne pouvoir la conduire au succès… Mais la doctrine qui veut le travail dans le détachement signifie aussi bien la recherche inexorable de la vérité que le retour sur ses pas si l’on s’est trompé, ou la renonciation au rôle de chef lorsqu’on découvre qu’on n’en est pas digne »[4].

Ce n’est pas d’un cœur léger qu’il envisage une telle éventualité.

  1. 25 février 1920.
  2. p. 95.
  3. p. 101.
  4. 17 novembre 1921.