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ment que, pareil à l’homme de science, je fais des expériences sur certaines vérités éternelles de la vie ; mais je ne peux même pas prétendre à être un homme de science, car je ne puis donner aucune preuve évidente de l’exactitude scientifique de mes méthodes, ni des résultats tangibles de mes expériences »[1].

Il ne s’agit donc pas d’une Révélation. Il s’agit d’une hypothèse sociale, d’une loi entrevue, non démontrée encore, d’une « énergie nouvelle », qu’il croit avoir découverte, ou plutôt retrouvée, à la suite des anciens Rishis, et qu’il compare à l’électricité[2]. C’est la Loi d’Amour, la force de Satyâgraha.

Sur quoi repose-t-elle ? — Sur des observations nombreuses, accumulées par Gandhi pendant vingt-cinq ans, — sur une expérience surprenante, celle de l’Afrique du Sud, où un peuple opprimé arracha les droits qui lui étaient dus à des maîtres résolus à les lui refuser et disposant de toutes les forces matérielles, de l’armée,

  1. p. 62. — Et encore : « Je ne puis voir qu’indistinctement, comme dans un miroir… Ce sont des méthodes lentes et laborieuses, qui ne réussissent pas toujours… » (17 novembre 1921).
  2. Lire p. 33-35, note 1, l’extraordinaire article du 23 juin 1919 :

    « Il se passera peut-être un temps considérable avant que la Loi d’Amour soit reconnue dans les affaires internationales… Jusqu’au jour où une énergie nouvelle est captée et dirigée, les capitaines d’énergies anciennes la traiteront d’idéaliste et d’utopique… L’ingénieur électricien fut traité de maniaque et de fou dans les milieux de locomotion à vapeur, jusqu’au jour où un travail s’accomplit, grâce aux fils électriques. Il faudra peut-être longtemps pour poser les fils d Amour international ; mais… à considérer les derniers événements en Europe et en Asie orientale, dans ce qu’ils ont d’essentiel, il nous serait possible de voir que le monde en arrive peu à peu à comprendre qu’il en est entre nations, comme entre individus ; que la force seule est impuissante à résoudre les problèmes, et que la sanction économique de Non-Coopération est beaucoup plus efficace que les armées et les marines. »