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retiré des affaires

Cette aventure m’a complètement désillusionné… et j’en suis arrivé à croire que les diamants en toc font autant d’effet que les vrais.

À quoi bon tenir tant à ces maudits cailloux qui font commettre les pires folies !…

— Tout dans la vie n’est qu’illusion, hors l’amour… et les bank-notes… et encore, l’amour !… Je tiens les bank-notes… et je les tiens bien… Quant à l’amour, nous verrons… S’il me trahissait un jour, aurais encore pour me consoler de jolis petits papiers soyeux, aussi doux à caresser qu’une chevelure de femme…

Je sais que certains vont se gausser de moi, mais je ne m’en formalise pas, puisque je suis le premier à rire aujourd’hui de ma déconvenue.

Bien que les mémoires, si l’on s’en tient à la formule classique, ne comportent point d’épilogue, je crois cependant devoir ajouter quelques lignes à ce long récit de ma vie…

Edgar Pipe n’existe plus… James Bruce non plus… J’ai foi, comme le grand Balzac, en l’influence heureuse ou néfaste de certains noms… J’ai donc pris un pseudonyme… un pseudonyme ronflant, car le millionnaire qui se respecte ne peut afficher un nom vulgaire. Ce nom, vous le connaissez tous, et le voyez souvent dans les chroniques mondaines des journaux, mais je me garderai bien de le dévoiler ici… on comprendra pourquoi.

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère…

Qu’il suffise de savoir que je cherche à racheter par une existence exemplaire les fautes de jadis… Je suis devenu ce que l’on peut vraiment appeler un gentleman, et ma chère Édith est la plus fidèle et la plus adorable des épouses — car nous sommes mariés maintenant.