Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
LE DOCTEUR OMÉGA

Quand enfin nous fûmes tous trois réunis, nous attirâmes le Cosmos à nous en raccourcissant son amarre.

Notre véhicule était maintenant presque sorti de l’eau, et son enveloppe de répulsite, quoique très diminuée et repliée sur l’arrière, tendait à l’attirer vers les régions supérieures.

Pendant que nous jetions d’autres câbles autour du projectile, le docteur nous expliquait le curieux phénomène qui bouleversait ainsi sur la planète Mars toutes les lois de la locomotion.

— Ici, nous dit-il, la densité n’étant pas la même que sur la terre, le poids des corps devient plus léger… L’intensité de la pesanteur terrestre étant représentée par 100 n’est plus que de 37 exactement à la surface de cette planète… Par suite, un kilogramme terrestre transporté ici ne pèse plus que 376 grammes… Un homme de 70 kilos est donc réduit à 26 et, la pesanteur ne contrariant plus ses mouvements, au lieu d’une enjambée d’un mètre, il peut facilement en faire de trois ou quatre mètres.

Fred n’en revenait pas.

Le docteur retourna dans le Cosmos pour y prendre sa longue-vue. Je le suivis et me munis d’une tige de fer qui pouvait à la rigueur remplacer un alpenstock.

Nous partîmes en exploration.

Mais nous n’avions pas fait cent mètres que nous entendîmes un bruissement confus assez semblable à celui que ferait le vent en soufflant sur les roseaux.

Et soudain des cris s’élevèrent… des cris tristes et monotones, pareils à ceux des crapauds.

Nous nous arrêtâmes surpris, et regardâmes autour de nous.

Horreur !… nous étions environnés d’une foule de gnomes qui s’approchaient avec précaution, dans le but évident de nous cerner et de nous mettre à mal…