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LE DOCTEUR OMÉGA

Un jour d’un blanc laiteux éclairait l’intérieur du véhicule et nous aveuglait littéralement… Nous clignions des yeux comme des hiboux surpris par l’aurore.

Notre hublot d’avant était à moitié sorti de l’eau, de sorte que nous pouvions inspecter les nouvelles régions dans lesquelles nous nous trouvions.

À perte de vue c’était une plaine liquide couverte de glaçons sur laquelle çà et là pointaient de grands icebergs étincelants.

Une lorgnette à la main, le docteur regardait devant lui.

Tout à coup, il se mit à sautiller sur place, en s’écriant :

— La terre !… la terre !…

Fred et moi nous nous précipitâmes au hublot, mais nous n’aperçûmes absolument rien.

Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que nous pûmes enfin distinguer dans les lointains bleuâtres une ligne d’une blancheur éclatante qui barrait l’horizon.

— Nous approchons !… nous approchons !… disait à chaque instant le docteur, en se frottant les mains.

Et il frappait le parquet de tôle de ses deux pieds… impatient d’aborder sur cette terre mystérieuse qu’aucun homme de notre planète n’avait encore foulée.

Le brave savant s’était métamorphosé… Sa figure était rayonnante… ses yeux luisaient comme deux ampoules électriques et sa houppette de cheveux blancs se redressait joyeusement sur sa tête.

J’étais loin, je l’avoue, de partager son enthousiasme.

Une crainte secrète me torturait… Quels êtres étranges allions-nous trouver sur les terres de Mars ?… Seraient-ce des monstres hideux, sauvages et féroces ?… Seraient-ce au contraire de bons humains inoffensifs et accueillants ?…

Maintenant, la ligne blanche qui terminait la mer se précisait à vue d’œil et je reconnus une montagne de glace entourée de récifs bleus.