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LE DOCTEUR OMÉGA

Je me jetai sur un des leviers de la pompe et déployai une vigueur dont je ne me serais jamais cru capable.

Peu à peu le Cosmos, que nous délestions de sa charge d’eau, s’éleva doucement, malgré les efforts désespérés que nos ennemis faisaient pour le retenir, et bientôt il ne tarda pas à acquérir une vélocité prodigieuse.

Les algues et les lianes qui obscurcissaient les hublots se détachèrent enfin, chassées par un torrent de bulles écumantes, et nous pûmes alors regarder autour de nous. Les hommes sous-marins avaient disparu.

Comme nous continuions à monter, je demandai au docteur s’il ne serait pas prudent d’enrayer cette ascension.

— Non… dit-il… au contraire… il est nécessaire que nous revenions à l’air libre car l’oxygène va nous manquer…

En effet, je m’aperçus que je commençais à respirer difficilement, et que Fred était tout cramoisi.

Après des manœuvres assez compliquées, nous vîmes enfin une lumière d’un blanc jaunâtre… la mer s’éclairait insensiblement, mais le jour qui nous enveloppait n’avait rien de commun avec la merveilleuse transparence que nous avions rencontrée dans les profondeurs.

Le docteur Oméga avait équilibré le Cosmos avec une telle justesse que le véhicule vint effleurer la surface des eaux.

Lorsque nous eûmes ouvert la soupape supérieure, une bouffée d’air pénétra dans le projectile mais cet air, bien que très frais, nous prit désagréablement à la gorge ; il semblait saturé de soufre, et nous fûmes pendant quelques secondes comme suffoqués.

Le savant nous expliqua que cette odeur de soufre était produite par le contact de l’air nouveau avec l’oxyde de carbone contenu dans le Cosmos.

Ce phénomène fut heureusement de courte durée et nous commençâmes bientôt à respirer normalement.