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LE DOCTEUR OMÉGA

— Eux ?… m’exclamai-je.

— Oui… les hommes sous-marins… Tenez… on peut les distinguer… ils nagent au-dessus de nous… il doit même y en avoir sur la coque du Cosmos… ils nous entourent d’algues et de lianes… Ils essaient de nous attirer à eux !…

Et à travers une luminosité pâle, je distinguai des centaines d’êtres repoussants, au ventre vert et aux mains rouges, qui se cramponnaient à notre véhicule, en faisant d’effroyables contorsions…

— Nous sommes perdus, pensai-je…

Fred s’était jeté à genoux et se frappait la tête de ses poings :

— Oh !… mon Dieu !… mon Dieu… c’est affreux ! murmurait-il d’une voix dolente… Périr de la main de ces monstres !…

Quant à moi, j’étais littéralement atterré et n’avais même plus la force de faire un mouvement.

Par bonheur, le docteur Oméga était de ces hommes que leur sang-froid n’abandonne jamais, une de ces natures solidement trempées dont la raison ne connaît point de défaillances. En présence du péril, il semblait même avoir retrouvé des qualités nouvelles de décision et d’énergie.

Se précipitant vers Fred qui se lamentait toujours, il le rudoya… le secoua avec violence…

— Vite !… vite !… imbécile !… au lieu de geindre comme tu le fais, mais cours donc à la pompe de ballast… Eh bien ! m’entends-tu ?

Et comme le pauvre garçon le regardait avec des yeux épouvantés, le savant le saisit par les épaules et le poussa brutalement vers le fond du véhicule.

Fred se mit à pomper avec une énergie farouche.

— Eh bien ! et vous ? me dit le docteur, que faites-vous là ?… Mais aidez-le donc… Il faut que nous remontions à tout prix.