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LE DOCTEUR OMÉGA

se sont modifiés et, de transformations en transformations, sont devenus des phoques ou des morses…

C’est égal, il faudra que je me procure un spécimen de cette espèce… je réfléchirai à cela… Songez donc… quelle gloire si nous revenions sur la Terre avec un aussi curieux animal !

— En effet, dis-je, mais nous ne sommes pas encore au bout de notre voyage et il est fort possible que nous trouvions sur les terres de Mars des monstres aussi intéressants que celui dont nous venons de nous débarrasser.

— Aussi intéressants, j’en doute, répondit le docteur… Ce Thalassite était vraiment merveilleux dans sa laideur… enfin, nous verrons…

Les roches transparentes dont j’ai parlé plus haut augmentaient à vue d’œil.

Maintenant, il y en avait partout.

Tour à tour elles prenaient des formes bizarres : on eût dit des géants lumineux tapis dans la profondeur des flots comme en quête d’une proie invisible.

Ces montagnes sous-marines brillaient du plus bel éclat. Elles étaient tantôt d’un rose tendre, tantôt d’un rouge éclatant. Et, chose étrange, la mer éclairée par ces rocs lumineux renvoyait parfaitement les images…

L’ombre du Cosmos qui présentait son flanc à ces pierres spéculaires s’y reflétait comme une torpille démesurément grossie.

Autour de nous l’eau bouillonnait en petites vagues courtes et scintillait en paillettes d’or.

Jamais plus imposant spectacle ne s’était offert à mes yeux…

On se serait cru transporté tout à coup dans quelque pays idéal… dans un royaume de rêve gouverné par des esprits invisibles.

Bientôt les lueurs s’atténuèrent et nous commençâmes à voguer au milieu de ténèbres veloutées ; ce n’était pas, pour