Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LE DOCTEUR OMÉGA

devant les hublots ou des plantes que nous rencontrions sur notre route.

— Je reviendrai pêcher par ici, disait-il… au moins ça mordra… ce n’est pas comme dans la Seine où il faut attendre une demi-journée avant de sentir une touche…

Les eaux avaient changé de teinte.

Elles étaient maintenant d’un rouge sombre et toujours éclairées, bien que les poissons lumineux eussent disparu depuis longtemps. Nous cherchâmes à découvrir ce qui pouvait ainsi les illuminer, et nous ne tardâmes pas à nous convaincre que cette réverbération était due à des rochers transparents comme du verre dans lesquels montaient des colonnes de feu.

— Ah ! c’est curieux, par exemple ! s’écria Fred, on dirait des volcans sous globes !

— Ce sont en effet des volcans, dit le docteur… au-dessous de nous il coule des fleuves de feu et ces monticules éclairés ont été peu à peu formés par la lave… ils sont creux et la flamme qui y circule les brûle peu à peu jusqu’au jour où ils éclateront.

— C’est égal… on voit par ici de bien drôles de choses, conclut Fred d’un air sérieux… Quand nous raconterons tout cela à notre retour, on ne voudra jamais nous croire… Mais tenez… regardez donc là-bas, derrière les rochers de feu… ne dirait-on pas des maisons ?

Nous éclatâmes de rire.

— Tu es fou, Fred, dit le savant en haussant les épaules.

Le colosse, un peu vexé, ne répondit point, et se remit à observer avec attention le paysage sous-marin, mais tout à coup il fit un bond en arrière et, désignant du doigt le hublot, bégaya d’une voix étranglée par l’effroi :

— Docteur !… docteur !… il y a là un homme qui nous regarde !…