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LE DOCTEUR OMÉGA

À un moment, Fred me désigna de longs serpents bruns qui filaient au milieu de touffes d’algues marines avec des ondulations rapides… Un de ces animaux passa même tout près de nous, et je constatai qu’il avait une infinité de pattes et était velu comme une chenille.

Il flottait aussi çà et là de gros poissons arrondis, bursiformes, dont la tête volumineuse était surmontée d’énormes tentacules semblables à de longues trompes d’éléphant.

Je ne pus réprimer un geste d’horreur en voyant un de ces poulpes raser le hublot auquel j’avais la face collée.

Mais à ce moment nous ressentîmes une violente secousse ; le Cosmos s’arrêta net, et le docteur s’écria :

— Nous sommes échoués !

En effet, l’ogive du sous-marin était engagée dans un obstacle que nous n’avions pas aperçu… probablement dans une de ces grottes spongieuses comme nous en avions déjà rencontré. Tout d’abord nous ne distinguâmes qu’une masse rougeâtre et de grandes armatures blanches ayant la forme de cerceaux.

Le docteur s’approcha de la vitre de répulsite, examina quelques instants cet obstacle, puis s’écria :

— C’est un poisson…

— Un poisson ! balbutiai-je en frissonnant.

— Oui… un énorme cétacé… quelque baleine martienne qui flottait devant nous…

À peine avait-il prononcé ces mots que nous nous sentîmes secoués avec violence et le Cosmos se mit à filer de biais avec une rapidité foudroyante.

Nous étions entraînés par le monstre.

Le docteur, toujours maître de lui, avait fait rentrer l’hélice et arrêter le moteur, espérant que la résistance opposée par le Cosmos le dégagerait de son enlisement.