Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LE DOCTEUR OMÉGA

On eût dit d’un lustre constellé, réfléchissant mille feux dans les facettes de ses prismes. Puis, tout cela s’estompait.

À travers une voie lactée, une lointaine nébuleuse, mille points lumineux s’éteignaient et se reformaient, s’étendant à l’infini, puis se confondaient brusquement dans une pluie de lumière.

— Ce n’est certainement pas le soleil qui illumine ainsi la mer, dis-je au docteur.

— Regardez en haut, me répondit-il.

Je levai les yeux et j’aperçus passant, avec rapidité, des poissons brillants, aux formes étranges, aux corps allongés, aux têtes triangulaires.

Il semblait que le hublot fût un kaléidoscope dans lequel une fée mystérieuse se serait plu à faire défiler tous les habitants des mers.

Je ne pus retenir un cri d’admiration.

Le docteur m’expliqua alors que ces poissons étaient phosphorescents et que c’étaient eux qui répandaient ainsi autour de nous cette merveilleuse clarté.

— C’est plus gai ici que sous les tunnels du Métropolitain, remarqua Fred, qui avait repris sa belle humeur depuis qu’il avait la permission de respirer.

Bientôt le nombre des poissons lumineux augmenta.

Il y en eut de tous côtés, à droite… à gauche… au-dessous de nous.

Nous marchions au milieu d’un scintillement d’écailles, et nous entendions très distinctement le bruit que faisait avec ses nageoires cette escorte de vertébrés.

De temps à autre un cri retentissait… un cri guttural… monotone… semblable à une plainte lointaine.

Cette mer devait être habitée par des monstres prodigieux… des ichtyosaures gigantesques.