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LE DOCTEUR OMÉGA

Je me servis pour cela d’une forte tenaille dont les branches très longues formaient levier, mais j’étais d’une maladresse telle que Fred fut obligé de venir à mon secours.

De sa poigne robuste il coupa net le gros filin de fer… celui-ci glissa aussitôt comme un serpent et disparut par une petite trappe qui se referma instantanément.

Nous étions libres…

Fred, avec toute la gravité d’un homme qui connaît parfaitement son métier, fit jouer deux ou trois manettes, abaissa deux leviers recourbés et le Cosmos commença à filer sous les eaux.

Une forte lampe électrique placée au hublot d’avant qui, on se le rappelle, tenait presque toute l’ogive de l’obus, projetait devant nous une lueur indécise.

Cependant, peu à peu, la mer s’éclaira autour de nous et nous pûmes facilement distinguer les objets qui nous environnaient. Parfois cette clarté s’atténuait, disparaissait, puis reparaissait plus éclatante.

Par quel phénomène était-elle produite ?

Je ne tardai pas à en avoir l’explication.

Tout à coup, la mer s’illumina de nouveau et ce fut alors un spectacle féerique… inoubliable…

Çà et là s’élevaient des arbres marins aux troncs énormes, aux fleurs rouges ou jaunes émaillées de perles étincelantes.

De tous côtés s’apercevaient des coupoles d’un blanc aussi transparent, aussi pur que le cristal, cernées à leur sommet d’auréoles d’un rose vif qui descendaient en pâlissant peu à peu le long de grandes grottes formées d’éponges gigantesques et expiraient au loin dans le gouffre au milieu d’une brume flottante…

Plus près de nous des plantes semblables à des aiguilles se recouvraient de cristallisations diamantées, de girandoles rutilantes…