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LE DOCTEUR OMÉGA

rapidité et autour duquel se déroulait un câble métallique.

Le docteur, placé à l’avant du projectile, semblait fixer au loin quelque chose.

Soudain, il poussa un cri de triomphe.

— Voyez… voyez… apercevez-vous cette grande surface scintillante ?

— Oui, fis-je.

— Eh bien ! c’est la mer… une des mers de Mars… Dans seize minutes exactement nous allons y pénétrer… Victoire !… Victoire !… mes amis !

Et nous contemplions tous la grande nappe lumineuse pareille à une glace sur laquelle se refléterait le soleil.

— Pourvu que nous n’allions pas donner en plein sur un rocher, pensai-je.

Mais cette idée était stupide… En admettant que nous tombions sur un récif, notre chute ne serait pas dangereuse, puisque, grâce à la répulsite et à la manœuvre mystérieuse dont j’ai parlé, l’obus devait se poser doucement sur le sol, à la façon d’un gros oiseau qui, après avoir fourni une longue course, se laisse lentement tomber à terre.

Tout à coup, le docteur nous cria :

— Attention !… Fred et vous, monsieur Borel, portez-vous au cabestan… Dès que nous sentirons que notre ancre a mordu, il faudra raccourcir le câble afin de nous enfoncer sous les eaux. Presque immédiatement je sentis un choc assez violent… il y eut un long sifflement, puis, à travers les hublots, j’aperçus des bulles vertes et une multitude de petites vagues bouillonnantes.

Cependant le Cosmos, au lieu de plonger profondément comme je m’y attendais, resta un moment immobile et je crus même qu’il remontait.

— Pourvu que l’ancre morde ! s’écria le docteur.

Mais fort heureusement la griffe de fer s’accrocha sans