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LE DOCTEUR OMÉGA

l’oxygène à pleins poumons… de parler sans cesse… de nous agiter… nous demeurerons presque immobiles et n’ouvrirons la bouche que le moins possible… C’est une habitude à prendre…

Fred nous écoutait en ouvrant de grands yeux.

— C’est surtout à toi que je m’adresse, lui dit le savant… tu as des poumons énormes et tu consommes une effroyable quantité d’air… tu entends, à partir de maintenant plus de vaines paroles… plus d’exclamations, plus de cris…

Et comme le colosse paraissait étonné, le docteur le secoua rudement en disant :

— Mais tu ne comprends donc pas, insensé, que, si nous sommes obligés de réduire notre consommation d’air respirable, c’est à cause de toi… de toi seul… Avec ton fourneau à alcool, tu m’as obligé à dépenser deux tubes d’oxygène.

Le colosse baissa la tête, se balança un instant, puis alla s’asseoir sur un siège métallique.

Après avoir croisé les bras et fermé les yeux, il se mit à respirer si doucement que nous ne voyions même pas sa vaste poitrine se soulever.

Je pris mon cahier de bord et le savant son bloc-notes, puis nous nous installâmes dans la pièce d’avant.

Je ne vous cacherai pas que j’attendais plutôt avec impatience le moment où nous sortirions enfin de notre prison aérienne.

L’obus était devenu une véritable chambre de torture.

Enfin, un matin, le docteur qui tenait scrupuleusement, au jour le jour, un compte exact de l’oxygène consommé, s’écria en faisant claquer ses petits doigts :

— Mes amis… nous avons encore trois tubes d’air comprimé… c’est plus qu’il ne nous en faut pour atteindre le but de notre voyage. À partir de maintenant, nous pouvons respirer normalement.