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LE DOCTEUR OMÉGA

plutôt sobre de paroles, je lui servais en réalité très peu de secrétaire.

J’employais donc mes loisirs à transcrire sur un carnet mes impressions personnelles.

J’ai consulté, depuis, ce cahier de notes et j’ai été étonné de la banalité des réflexions que j’y avais consignées.

Cela était diffus… incohérent… et ressemblait assez au journal d’un fou.

J’en ai conclu que la claustration influe singulièrement sur l’intelligence.

J’oubliais de dire qu’aussitôt après l’incident occasionné par la maladresse de Fred, le docteur nous avait appris que, d’après ses calculs, l’oxygène nous manquerait presque au terme du voyage.

— Dans seize jours exactement, avait-il dit, nous n’aurons plus d’air respirable, et cependant il nous faudra encore rester vingt-six heures dans ce véhicule avant d’atteindre la planète Mars.

Nous nous regardâmes tous trois.

— Alors, balbutiai-je d’une voix tremblante… nous sommes perdus !…

— Écoutez donc ce que je vais vous dire, hurla furieusement le docteur en frappant du pied le parquet de tôle qui résonna comme un gong… Oui… nous serions perdus si nous continuions à respirer comme des marsouins, mais nous pouvons peut-être nous tirer de là… à une condition…

— Oh !… laquelle ? docteur.

— C’est que nous consommions moins d’oxygène.

— Est-ce possible ?…

— Oui…, au lieu de renouveler si souvent l’air, nous nous contenterons de ne le remplacer qu’à la dernière extrémité… c’est-à-dire quand nous sentirons que nous commençons à étouffer… Mais ce n’est pas tout… au lieu d’aspirer