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LE DOCTEUR OMÉGA

Fred commença peu à peu à revenir de son évanouissement… Il ouvrit lentement les yeux, nous regarda d’un air ahuri, puis, se souvenant soudain :

— Excusez-moi, docteur, balbutia-t-il… j’ai eu tort, mais je voulais vous faire une surprise en vous servant de la viande grillée… je ne pensais pas que ce maudit fourneau pût chauffer de la sorte.

— C’est bon, dit le savant, mais une autre fois souviens-toi que lorsque je défends quelque chose, c’est que j’ai mes raisons pour cela… Ainsi à cause de toi, il va falloir vider au moins deux tubes d’oxygène dans la pièce aux approvisionnements…

Et je lus sur le visage du docteur une grande inquiétude.

Fred était navré et nous regardait d’une façon si comique qu’en tout autre moment nous n’aurions pu nous empêcher de rire.

Ce ne fut pas la dernière maladresse que commit le bon colosse, car, s’il était fort comme un bœuf, pour l’étourderie il eût rendu des points à un linot.

Je passe sur les détails de notre voyage ; d’ailleurs chaque jour se ressemblait.

Comme il fallait nécessairement que nous nous occupions tous à bord, j’étais chargé de purifier journellement l’air de nos compartiments en faisant absorber au moyen de potasse caustique l’acide carbonique dégagé par la respiration et la combustion.

Fred surveillait la cuisine et vaquait aux divers soins du ménage.

Quant au docteur, il calculait sans cesse.

Je suis sûr que, pendant notre voyage, il couvrit au moins cinq cents feuilles de papier.

J’écrivais quelquefois sous sa dictée, mais comme il était