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LE DOCTEUR OMÉGA

gnais sur un gros cahier cartonné en tête duquel j’avais écrit de ma plus belle main : Journal de bord.

Nous avancions toujours sans secousse… à peine si de temps à autre se produisait une légère oscillation.

Nous avions depuis longtemps dépassé les dernières limites atmosphériques et nous filions maintenant dans l’éther comme des personnages mythologiques.

Autour de nous, d’un côté c’était l’obscurité presque complète, de l’autre nous apercevions le soleil… un soleil froid et triste, et l’on se fera sans peine une idée de la monotonie de ce voyage aérien.

Je ne conseille pas aux touristes amateurs de sites pittoresques et de paysages enchanteurs de faire une excursion dans l’éther… cela manque de charme.

— Combien de temps, demandai-je au docteur, resterons-nous dans ces régions ?

— Huit jours environ…

— Ah ! fis-je avec une grimace…

J’allais poser au savant quelques nouvelles questions quand Fred entra subitement, la face congestionnée, les yeux injectés de sang.

— Qu’y a-t-il ? s’écria le docteur en regardant le colosse.

— Il y a… il y a… que j’étouffe… je ne puis plus respirer… je… et Fred s’affaissa à nos pieds.

Le savant se dirigea rapidement vers la pièce aux approvisionnements, mais il reparut aussitôt, rouge de colère.

— L’imbécile… s’écria-t-il. Il a eu l’imprudence d’allumer le fourneau à alcool pour faire sa cuisine… A-t-on idée de cela… Allumer un réchaud dans une chambre de quelques pieds carrés où la quantité d’air respirable est juste suffisante…

Et le savant fit jouer un petit levier qui communiquait avec les tubes d’oxygène placés à l’avant du projectile.