Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
LE DOCTEUR OMÉGA

— Pauvres amis !…

Déjà, nous percevions un grand bruit semblable à celui que ferait une sirène gigantesque.

La lueur se rapprochait… elle était maintenant flamboyante… elle nous aveuglait…

Quelques secondes encore et nous allions être broyés… volatilisés…

De nos corps maintenant pleins de vie, il ne resterait bientôt plus rien que des molécules sans nom… des atomes invisibles qui voltigeraient, perdus dans la grande immensité, et nous retournerions en poussière, suivant la parole de la Genèse, sans subir les transformations communes à cette humanité de laquelle nous étions à jamais séparés !…

Fred et moi n’avions plus conscience de rien.

Nous nous étions agenouillés comme deux marins qui comprennent que tout est fini et nous murmurions de vagues paroles dans lesquelles s’exhalait toute la détresse de nos âmes.

Soudain le docteur qui, en face de la mort, avait jusqu’à présent conservé toute sa raison, fit un brusque mouvement, étendit les bras et baissa la tête, tel un homme qui voit un édifice s’écrouler au-dessus de lui…

Je poussai un cri… Fred tomba comme une masse.

Un flamboiement énorme… une lueur fulgurante pénétra par les hublots et nous sentîmes une chaleur intense comparable à celle qui doit régner dans l’intérieur d’un four.

Soudain le Cosmos dévia de sa route comme chassé par un coup de vent furieux… ses jointures grincèrent et j’eus l’impression très nette que notre véhicule s’aplatissait… qu’il s’écrasait du sommet à la base.

Heureusement, c’était une illusion… car presque aussitôt la voix du docteur Oméga s’éleva, éclatante comme une fanfare :