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LE DOCTEUR OMÉGA

Et un secret espoir emplit toutes les âmes…

On ne songe plus à la tempête qui fait rage… on ne pense qu’à une chose, trouver place à tout prix dans les embarcations.

Quelquefois les frêles esquifs, après avoir bondi sur les ondes tumultueuses, avoir rasé les grands rochers noirs pareils à des monstres fabuleux, abordent une île ou un continent… souvent aussi ils sont roulés par les vagues et engloutis dans les insondables profondeurs…

Mais les malheureux qui ont péri ont eu au moins pendant quelques heures la pensée que tout n’était peut-être pas fini et que, la Providence aidant, ils échapperaient à la mort.

L’espérance les a un moment soutenus et, après la chaloupe, ils ont encore eu l’épave à laquelle ils se sont cramponnés désespérément jusqu’à ce que les suprêmes convulsions raidissent pour toujours leurs pauvres membres glacés !…

Nous à bord du Cosmos, nous n’avions aucune chance de salut !

La mort arrivait… nous la voyions venir avec une rapidité foudroyante et il était impossible de l’éviter !…

Je doute qu’il puisse y avoir dans la vie des situations plus affreuses… plus horribles… et, au moment où j’écris, je ne puis, sans un frisson, revivre ces minutes tragiques.

Tandis que notre frayeur se traduisait par des gémissements et des prières, le docteur Oméga frappait avec rage les parois de notre véhicule en hurlant d’une voix rauque :

— Fatalité !… Fatalité !…

Un moment, il eut sans doute conscience de la grave responsabilité qu’il avait assumée en nous prenant avec lui Fred et moi, car il nous regarda avec tristesse et nous l’entendîmes murmurer :