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LE DOCTEUR OMÉGA

dais même si je devais oui ou non partir avec le docteur.

Pendant plusieurs heures je délibérai… Je fus sur le point d’aller trouver mon ami et de lui dire de ne plus compter sur moi… mais je n’osai m’y décider.

Le moment de quitter ce monde était venu. Déjà le docteur donnait ses dernières instructions.

Son calepin à la main, un compas de l’autre, il faisait incliner l’obus dans la direction ouest vers un point imaginaire qu’il semblait voir réellement.

On déplaça l’engin, on le fit volter à l’aide de treuils, on le pencha de plus en plus, puis enfin le docteur s’écria :

— Nous y sommes !…

Immédiatement l’obus fut glissé sur une trappe de métal mue par un gigantesque ressort, lequel en se détendant avec une force prodigieuse devait donner à l’engin l’inclinaison initiale qui l’entraînerait dans Mars en lui faisant décrire une immense parabole.

— Parfait, dit le docteur Oméga après avoir une dernière fois vérifié la position du projectile.

Et il se dirigea vers une petite estrade où il prit place au milieu d’une cinquantaine de personnes. Fred et moi nous nous assîmes à ses côtés.

Une musique joua notre hymne national, puis plusieurs messieurs graves et solennels, grotesquement redingotés, prononcèrent des discours filandreux auxquels la majeure partie des assistants ne comprit absolument rien.

Le docteur Oméga voulut répondre à son tour, mais on sait qu’il n’était pas orateur. Il rougit, bredouilla, s’embarrassa dans une période… et finalement s’arrêta court…

Tout ce que l’on put saisir de son allocution, ce fut qu’il donnait à son véhicule planétaire le nom de Cosmos.

— Vive le Cosmos ! Vive le Cosmos !… hurlèrent les assistants.