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LE DOCTEUR OMÉGA

Si l’on ne tenait pas compte des mouvements dont je viens de vous parler, on imiterait l’exemple du pointeur de marine qui, visant l’objectif à atteindre, ne se soucierait ni du roulis ni du tangage.

Tout ceci était pour moi de l’hébreu, mais j’approuvais cependant de la tête et murmurais de temps à autre des mots comme ceux-ci : Évidemment… C’est clair… Rien n’est plus limpide… Cela tombe sous le sens…

Et le docteur continuait ses explications, persuadé que je le comprenais merveilleusement.

Soudain il me dit :

— Je ne crois pas m’être trompé dans mes calculs, car je les ai bien vérifiés ; cependant, pour plus de sûreté, je vous prierai de les refaire. Je garde mes opérations… nous les comparerons tout à l’heure avec les vôtres.

Ces mots produisirent sur moi l’effet d’une douche glacée et je regardai le savant d’un air effaré.

J’allais lui avouer mon ignorance, quand, fort heureusement, l’arrivée de Fred vint faire diversion. Décidément, ce brave garçon venait toujours à propos.

Il s’approcha du docteur et lui dit d’un ton embarrassé :

— Docteur… j’ai quelque chose à vous demander…

— Eh bien, parle… fit le savant d’un ton bourru.

— Je voudrais… partir avec vous…

— Tu es fou, Fred !… d’ailleurs… je n’ai pas besoin de toi… nous sommes deux… c’est suffisant.

Fred sourit.

— C’est possible… répondit-il… mais vous n’avez sans doute pas songé à une chose… vous savez que je ne suis pas mauvais cuisinier… même vous m’avez souvent complimenté sur les petits plats que je vous ai confectionnés… Je pourrais être votre maître-coq à bord de l’obus… je m’occuperais du « frichti »…