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LE DOCTEUR OMÉGA

d’obscur… de confus, qui peu à peu s’éclaira… se précisa. Il devait s’être produit dans mon mélange un corps nouveau jouissant de propriétés phénoménales, inimaginables, stupéfiantes.

Après de longues réflexions, je finis par avoir l’intuition que le hasard m’avait mis sur le chemin d’une découverte.

Ce corps mystérieux dont je devinais l’existence devait être, si extraordinaire que cela pût paraître, réfractaire à la gravitation ! Il existait… cela n’était pas douteux… sa masse était évidente… et cependant il ne pesait pas !…

Dès lors je n’eus plus qu’une idée, isoler ce corps, le dégager de ses alliages…

Ah ! que de nuits j’ai passées à combiner mes cuissons !… À combien d’expériences inutiles me suis-je livré !

D’autres se fussent découragés à ma place, mais moi je persistai… quelque chose me disait que je devais réussir…

Il y a quatre jours, j’avais ajouté deux corps nouveaux dans mon cubilot et je comptais beaucoup sur leur efficacité pour débarrasser le métal mystérieux de ses molécules parasites… le tout était de déterminer au juste le temps de cuisson de cet amalgame…

Une vieille formule retrouvée dans un ouvrage d’alchimie du XVIe siècle m’avait incité à tenter cette expérience. On ne peut s’imaginer les idées neuves que l’on puise parfois dans les vieux livres.

Mon nouveau mélange bouillait dans un cubilot semblable à celui que vous connaissez quand, par bonheur, ce cubilot fit explosion grâce à la négligence d’un de mes ouvriers… négligence que je bénis aujourd’hui, vous allez savoir pourquoi.

Tout d’abord cette catastrophe me désola… J’entrai dans une rage folle… Je faillis tout briser ici.

Le lendemain dès l’aube, je sortis pour prendre l’air, car