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LE DOCTEUR OMÉGA

forte j’expliquai que le docteur Oméga n’était pas ce qu’un vain peuple pensait…

— C’est un grand homme, m’écriai-je, un homme merveilleux… Bientôt vous entendrez parler de ses stupéfiantes découvertes… Saluez-le… mes amis… Acclamez-le !… car il honore ce pays… que dis-je ?… il honore la France… le monde entier !

Les applaudissements éclatèrent frénétiques. On eût dit une pluie d’orage tombant sur un toit de zinc.

Le docteur, très ému, s’approcha de la fenêtre et salua gauchement. Les acclamations redoublèrent.

C’était la première fois de sa vie que ce modeste jouissait des honneurs du triomphe.

Il voulut prononcer quelques paroles, mais sa petite voix, paralysée par l’émotion, émit des sons étranges… tour à tour graves et doux, aigres et nasillards. On eût pu croire qu’il chantait une tyrolienne. La foule, qui n’entendit pas un mot de son allocution, n’en manifesta pas moins son enthousiasme.

Il avait suffi de quelques minutes pour rendre sympathique un homme que, le matin encore, on traitait en ennemi… C’est là un des défauts et aussi une des qualités de la foule de changer très vite d’opinion.

Quand les vivats eurent cessé, j’appelai mon valet de chambre, qui se trouvait toujours devant le hangar, et je lui donnai quelques rapides instructions. Me tournant alors vers le docteur dont le visage rayonnait de joie, je lui dis :

— Venez chez moi, mon cher savant, je vous offre à déjeuner…

Au bout de quelques instants, accompagné du docteur et de Fred, je me dirigeais vers ma demeure.

La foule s’ouvrit respectueusement pour nous laisser passer et nous suivit jusqu’à mon cottage.

Là, je fis monter de ma cave quatre barriques d’excellent