Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
LE DOCTEUR OMÉGA

— Reposez-vous bien, me dit-il… on vous réveillera vers midi ; il est maintenant quatre heures du matin, cela vous fera huit heures de sommeil… ce n’est pas trop… Vos nerfs comme les miens ont besoin de se détendre.

Les émotions par lesquelles j’étais passé m’avaient anéanti… brisé… Je me jetai tout habillé sur ma couche et m’assoupis presque aussitôt.

Je dormais profondément et depuis assez longtemps sans doute quand je fus soudain réveillé par de grands cris venant du dehors. Je cherchai à saisir quelques mots au milieu de ces clameurs confuses, mais je ne distinguai rien que des hurlements sauvages et le sifflement de voix menaçantes.

La porte s’ouvrit soudain et le docteur apparut, suivi de Fred qui tenait à la main un énorme bâton…

— Entendez-vous… entendez-vous… s’écria le vieillard… Ils parlent d’enfoncer la porte… Ils profèrent des menaces de mort… et les gendarmes qui les laissent faire… car il y a des gendarmes parmi eux… Mon Dieu !… Mon Dieu !… que signifie tout cela ?

Très inquiet, moi aussi, j’ouvris cependant une fenêtre qui donnait sur la plaine.

À ma vue des cris s’élevèrent :

— Ah ! le voilà !… le voilà !…

Et, au premier rang de la foule, j’aperçus mon valet de chambre et mon jardinier.

Je partis alors d’un bruyant éclat de rire et, me tournant vers le docteur :

— Vous avez, lui dis-je, une mauvaise réputation dans le pays… On vous prend pour un sorcier… Mes domestiques savaient que j’étais chez vous… en ne me voyant pas revenir, ils ont supposé que vous m’aviez tué.

Du haut de la fenêtre je haranguai la foule. D’une voix