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LE DOCTEUR OMÉGA

Me ruant sur la porte… j’essayai de l’ouvrir… le verrou de sûreté la maintenait solidement… Je tentai de l’enfoncer… elle résista à mes secousses désespérées.

En bas, le savant criait toujours… je collai mon oreille contre le parquet et j’entendis distinctement ces mots :

– Le cubilot !… Le cubilot !…

C’en était fait de moi !… Ce que je redoutais était arrivé… le docteur ne pouvait plus remonter.

Rassemblant toute mon énergie, je m’approchai du récipient, et sans hésiter, tournai brusquement une manette de cuivre fixée dans le capuchon de tôle. C’était peut-être le salut !…

Malédiction ! J’avais hâté ma perte !…

Aussitôt la substance en fusion se mit à bourdonner avec plus de force… l’aiguille du manomètre fit un petit bond et tremblota sur le cadran… Un flamboiement aveuglant emplit la pièce… une chaleur étouffante me suffoqua.

Je voulus crier. Mais le sang afflua à ma gorge… ma langue demeura collée à mon palais…

Alors je compris que c’était la fin…

Je reculai à l’extrémité de la pièce, fixant d’un œil égaré la lueur sinistre qui rayonnait de plus en plus et, me cachant le visage dans les mains, je me laissai tomber comme une masse…

L’angoisse m’étrangla, anéantissant dans mon cerveau en délire les derniers vestiges de la raison.