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LE DOCTEUR OMÉGA

— C’est cela même…

— Oui, oui… je comprends, fis-je distraitement, en regardant de nouveau le récipient dont les roûû… devenaient menaçants…

Il me sembla même entendre de petits craquements comme si les parois de la sphère de fonte se fussent tendues sous l’effort du métal en fusion…

Néanmoins je m’efforçai de ne rien laisser paraître de mon effroi… Les battements de mon cœur soulevaient mes vêtements… mais mon visage demeurait assez calme, bien qu’une petite sueur froide coulât le long de mes tempes.

— Je crois qu’il serait grand temps, dis-je enfin d’une voix timide, de faire tomber la pression…

Le savant eut un petit mouvement d’épaules et ne répondit pas.

Tout à coup un fracas épouvantable se fit entendre au rez-de-chaussée. Une porte battit avec violence.

— Qu’est cela ? fit le vieillard en se dressant subitement… Mes verrous de sûreté auraient-ils glissé dans leur gâche… non… cela est impossible… attendez-moi une seconde… je vais voir… Le temps de descendre et de remonter…

— Je vous suis… je vous suis… m’écriai-je.

Mais le docteur était déjà sorti et la porte par laquelle il venait de disparaître s’était refermée instantanément, grâce à un système invisible qui était encore une invention de cet homme étonnant. Je l’entendis descendre quatre à quatre les escaliers… puis il y eut un bruit de planches qui se heurtent et la petite voix du savant s’éleva glapissante… furieuse.

Que s’était-il passé ?

Je demeurai cloué sur place, angoissé, tremblant.

Les grognements du cubilot s’accentuaient… C’était maintenant un rugissement semblable à celui d’un monstre en furie…