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LE DOCTEUR OMÉGA

Je me figurais voir dans ce mot une cruelle moquerie… comme une ironique menace.

Je pénétrai dans une pièce de forme pentagonale et d’assez grande dimension.

À droite, en entrant, on voyait une fenêtre unique, étroite et longue, qui ressemblait plutôt à une meurtrière.

Tout au fond de la salle, dans une sorte de couloir formant cul-de-sac et blindé comme la soute d’un cuirassé, on apercevait un foyer incandescent que surmontait un cubilot cylindrique recouvert d’un capuchon de tôle.

— Asseyez-vous… mon ami, me dit le docteur en m’indiquant un siège de bois grossièrement façonné.

Et comme, malgré son invitation, je restais debout, il insista :

— Mais asseyez-vous donc… je vous prie…

J’obéis machinalement. Le vieillard se plaça alors en face de moi.

La moitié de son visage était noyée d’ombre et la partie éclairée me parut d’une blancheur de cire…

Je remarquai alors qu’un de ses yeux brillait d’un éclat singulier et chaque fois que cet œil lumineux me fixait… involontairement je frissonnais.

Au dehors le vent soufflait avec fureur.

On entendait craquer les arbres et la girouette placée sur le toit du hangar tournait follement avec un bruit de crécelle.

Enfin, le vieillard fit claquer ses doigts et rapprocha vivement son siège du mien.

— Vous voudriez sans doute savoir, me dit-il, en ricanant, pourquoi je vous ai fait venir ici ?…

— Ma foi… répondis-je, j’avoue que…

Le docteur se frotta les mains, puis après un regard en dessous, il reprit :

— Je cherchais un homme courageux pour m’accompa-