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LE DOCTEUR OMÉGA

Il m’est impossible d’exprimer l’effet que produisit sur moi le son de la petite cloche que je venais d’agiter ; un trépassé auquel la Providence aurait laissé la cruelle faculté d’entendre sonner son glas, ne serait pas plus émotionné que je le fus en cet instant.

Bientôt une lumière brilla au travers d’un judas grillé ; la porte s’ouvrit et je me trouvai en face du docteur Oméga.

Il était nu-tête et sur son crâne d’ivoire je remarquai avec effroi une petite houppe de cheveux blancs qui se tenait droite comme une aigrette.

Instantanément, je me souvins du rêve que j’avais fait et mes jambes flageolèrent sous moi.

Je fis même un mouvement de recul pour m’enfuir, mais à ce moment, le docteur qui venait de fermer la porte disait avec un petit rire qui ressemblait à un gloussement de gallinacé :

— Là… comme cela… elle ne s’ouvrira plus… Voyez mon système de fermeture… Est-il assez ingénieux ? et cependant il est fort simple.

Il y eut un petit déclic, puis le bonhomme ajouta :

— C’est un vrai verrou de sûreté… un verrou comme il n’y en a pas… Mais montez donc.

Et le petit vieux me précéda, tenant à la main une lampe de cuivre qui projetait le long des murs une clarté tremblotante.

Je m’assurai vivement que mon revolver était toujours dans ma poche… J’en sentis la crosse et repris confiance.

Le docteur montait les escaliers tellement vite que j’avais peine à le suivre ; cet homme avait des jarrets d’acier.

Arrivé sur un palier très étroit, il ouvrit une porte et s’effaça en disant :

— Entrez… mon ami…

Je ne sais pourquoi… quand il m’appelait son ami j’éprouvais une sorte de gêne… de malaise.