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LE DOCTEUR OMÉGA

— Monsieur sort ? me demanda-t-il d’un air hébété.

— Oui… qu’y a-t-il là d’extraordinaire ?

— C’est que depuis que je suis à son service, monsieur n’est jamais sorti de la maison.

— J’ai un rendez-vous, répondis-je.

Et j’ajoutai par pure forfanterie, en appuyant bien sur les mots :

— Un rendez-vous avec le docteur Oméga…

Le valet roula des yeux épouvantés.

— Vous allez chez ce… vieux sorcier ?… Oh !… prenez garde, monsieur… cet homme est capable de tout… cet après-midi on m’a encore raconté sur son compte des choses effrayantes… si vous saviez…

Je haussai les épaules et m’en allai d’un air calme, bien que je fusse intérieurement fort troublé.

Dès que je me trouvai sur la route, je me mis à marcher très vite en faisant sonner les talons…

De gros nuages roulaient dans le ciel leurs volutes sombres… Je n’y voyais pas à dix pas devant moi.

Cependant, quand j’eus dépassé les premières maisons du village, la lune se montra un instant. Mon ombre alors se dessina sur le sol… une ombre démesurée, gigantesque, qui formait devant moi une énorme tache vacillante.

Comme je passais devant une ferme, située à l’entrée de la plaine, un chien se mit à hurler et je fus pris d’un tremblement nerveux.

Mon courage allait-il m’abandonner ?

Mais je me redressai, assujettis ma casquette et me dirigeai résolument vers le hangar, dont une seule fenêtre était éclairée.

Arrivé devant le noir bâtiment, j’hésitai quelques secondes ; enfin, saisissant une chaînette qui pendait à droite de la porte, je la tirai brusquement.