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LE DOCTEUR OMÉGA

tentai d’un bouillon dans lequel je cassai deux œufs et je bus un demi-verre de vin.

Lorsque je me levai de table j’étais plus inquiet, plus perplexe que jamais.

Je m’assis dans mon salon et réfléchis de nouveau.

Si je n’allais pas au rendez-vous que le docteur m’avait fixé, je passerais à ses yeux pour un poltron et quand il me rencontrerait dans la suite, il me rirait au nez.

D’un autre côté, je m’intéressais trop à cet homme pour ne point profiter de la circonstance qui m’était offerte de le connaître enfin.

Une chose m’inquiétait toutefois : Pourquoi m’avait-il demandé si j’avais déjà eu peur dans ma vie ?…

Bah ! fis-je nous verrons bien !

La demie de huit heures venait de sonner. Je m’étais levé et me disposais à partir quand une réflexion nouvelle m’arrêta.

Si le docteur allait me soumettre à quelque terrible épreuve ?… Si c’était vraiment un fou dangereux ?… Ah ! ma foi, tant pis ! je me défendrai… D’ailleurs je serai armé… j’emporterai mon Smith et Wesson.

Je verrai bien en arrivant quelle sera son attitude… Si elle me semble équivoque, j’aurai vite fait de fausser compagnie à ce mystérieux inventeur.

Dans le cas où il voudrait me retenir de force, je parviendrai bien à lui échapper… que diable !

Je suis jeune, vigoureux… lui, c’est un vieillard… J’en aurai facilement raison…

Déjà j’étais dans le vestibule.

Je demandai mon manteau de caoutchouc, car le temps était à l’orage, et je glissai mon Smith dans la poche de côté de mon veston.

Mon domestique, qui vit ce geste, ne put réprimer un mouvement d’effroi.