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LE DOCTEUR OMÉGA

pliaient de leur rendre la liberté. Leurs voix avaient des accents si douloureux, si plaintifs que je faillis me laisser attendrir. Si le docteur n’avait pas été là, je les aurais certainement posés à terre en leur disant :

— Sauvez-vous vite…

Mais le vieux savant me surveillait et venait de temps à autre s’assurer si je tenais toujours les Martiens.

Enfin, le jour se leva… un jour terne, laiteux… et la mer nous apparut comme à travers un carreau chargé de buée… Le docteur allait et venait sur la côte et rien n’était plus drôle que de voir sa petite silhouette qui semblait voltiger dans l’espace.

Puis la lumière devint plus crue, un rayon lumineux traversa le brouillard…

Alors… nous poussâmes tous trois un grand cri qui roula avec un bruit de cataracte sur la mer martienne.

À quelques mètres de nous, sur le rivage, un monstre noir était arrêté qui semblait nous fixer de ses gros yeux ronds… et ce monstre… c’était un Cosmos… celui que nous souhaitions si ardemment depuis de longs mois… celui que je croyais ne jamais voir… Il était cependant en face de nous… immobile, retenu au sol par des cordages, et trois hommes, trois hommes de la terre ceux-là, s’avançaient à notre rencontre… la figure souriante… les mains tendues…

Je ne puis me rappeler sans un frisson de bonheur cette délicieuse rencontre qui mit en notre présence le docteur Helvétius et ses compagnons Blacwell et Somerson… Du coup, je lâchai les Martiens pour me précipiter dans les bras de nos sauveteurs et les Mégalocéphales se seraient certainement enfuis… si le docteur ne les avait rattrapés aussitôt… Pauvres petits êtres… leur destinée devait s’accomplir !…

Les effusions calmées, le docteur Helvétius manifesta l’intention de visiter la planète Mars… mais nous lui fîmes