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LE DOCTEUR OMÉGA

— Ils vont donner l’éveil… fis-je.

— Bâillonnez-les… commanda le docteur.

Je mis un lambeau d’étoffe dans les petites bouches triangulaires des trois Martiens.

— Allons, en route, commanda le vieux savant… et n’oubliez pas, mes amis, que nous jouons notre liberté… Coûte que coûte, il faut arriver avant le jour à la passe de Nasmith… Fred nous précédera, armé de cette tige de fer… il ouvrira la marche… tant pis pour ceux qui se trouveront sur notre chemin…

Quelques minutes après, nous courions, ou plutôt nous volions à travers la ville… J’ai dit plus haut que la densité martienne était inférieure à celle de notre globe et que les poids se trouvaient extrêmement légers à sa surface… Cela nous permit de parcourir avec la vitesse d’un cheval au trot les cinquante milles qui nous séparaient de la passe de Nasmith…

Par bonheur, notre départ passa inaperçu et je m’en félicitai, car nous n’eûmes point à faire, ce qui m’eût considérablement chagriné, des hécatombes de Martiens…

Le docteur s’orientait à merveille, grâce à sa boussole dépressive, et nous ne mîmes que quatre heures et demie environ pour accomplir notre trajet.

Quand nous parvînmes à la passe de Nasmith, il faisait encore nuit, mais la nuit martienne n’est jamais complètement obscure… Nous pûmes donc distinguer une grande nappe d’eau qui s’étendait à perte de vue et semblait s’élargir dans le lointain : c’était la mer désignée par Herschel sous le nom de « Mer du Sablier »…

Nos cœurs en cet instant battaient à se rompre et ceux des petits Martiens que nous tenions toujours dans nos bras ne battaient pas moins fort… Les pauvres petits êtres étaient terrifiés… nous leur avions enlevé leurs bâillons et ils nous sup-