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LE DOCTEUR OMÉGA

les paroles désobligeantes étaient sans effet… nous étions un peu fous tous les trois et l’on sait que les fous ne parlent pas comme tout le monde…

Cependant le point noir augmentait… il était maintenant de la grosseur d’un seau à charbon… et il en avait même un peu la forme.

Le docteur me regarda fixement ; ses yeux n’avaient plus cette couleur d’acier terni qui m’horripilait et me rendait furieux… sa bouche pincée s’était entr’ouverte et son corps était agité d’un petit tressaillement singulier comme si du vif-argent eût circulé dans ses veines…

J’allais l’interroger… mais il ne m’en laissa pas le temps… Il se jeta dans mes bras en me serrant à m’étouffer, et, balbutiant d’une voix que paralysait l’émotion :

— Cette fois… nous… sommes sauvés… on… vient à notre secours… oui… on vient… regardez !…

Je doutais encore, mais, quelques minutes après, j’étais forcé de me rendre à l’évidence… Alors, ma joie ne connut plus de bornes… je poussai des cris sauvages, je gambadai, je fis des cabrioles et jetai le docteur à terre en voulant lui sauter au cou.

Quant à Fred il gesticulait gauchement, comme un ours qui danse au son d’une vielle…

Les Mégalocéphales nous regardaient avec inquiétude… tout d’abord, ils rirent de nos extravagances, mais quand ils eurent aperçu le point noir qui provoquait notre enthousiasme, ils disparurent rapidement.

— Ils vont prévenir Razaïou… criai-je au docteur.

Et je m’élançai pour les retenir.

Les ayant rejoints à la sortie du parc, je les culbutai les uns sur les autres et les emportai dans notre case.

— Dans six heures, dit le docteur, nos amis de la Terre auront touché cette planète…