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LE DOCTEUR OMÉGA

l’avaient fait avec une telle habileté qu’il était maintenant impossible d’utiliser aucun de ses débris… La table de fer sur laquelle était installé le télégraphe avait été enlevée, car elle était trop solide pour être mise en pièces… Le grand mât qui supportait l’antenne avait disparu…

Nos gardiens, ces hideux Mégalocéphales que nous traitions en amis, étaient, à n’en pas douter, les auteurs de ce méfait… d’ailleurs leur attitude étrange, embarrassée, les trahissait.

Au lieu de se tenir devant notre case, comme ils avaient l’habitude de le faire chaque nuit, ils s’étaient réfugiés dans un coin et nous observaient sournoisement.

— Ce sont eux !… ce sont eux qui ont fait le coup, hurlait le docteur en montrant le poing aux Martiens… misérables !… lâches !… monstres !… bandits !…

Fred allait s’élancer sur les gnomes et les mettre en bouillie, mais je le retins… En cet instant tragique et douloureux, je fus le seul qui conserva son sang-froid… Tuer les Martiens, c’était s’exposer à de cruelles représailles… On nous avait pardonné le meurtre de quelques individualités dépourvues d’intelligence… on ne nous pardonnerait pas la mort des Mégalocéphales… Razaïou nous ferait mettre à la torture… mutiler… Peut-être même donnerait-il l’ordre de nous brûler avec les rayons verts…

Je parvins à grand’peine à calmer le docteur… Sa rage tomba enfin, mais il s’affaissa sur le sol et s’évanouit…

Pendant que nous cherchions à le faire revenir à lui, une tablette de fer lancée par un Mégalocéphale vint tomber à nos côtés…

C’était un message de Razaïou…

Il contenait ces mots en martien :

« Barônioniz Babazeïos îrvettir maïano Razaïou sûliez oïodoûm nhâtonoï orônos. »