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LE DOCTEUR OMÉGA

plus, j’exige que dorénavant vous ne sortiez plus en ville… Vous resterez dans votre demeure, et quand vous voudrez vous promener, vous irez dans le parc que j’ai mis à votre disposition. J’ai dit…

Le trône de Razaïou roula sur des coulisses invisibles et le Roi disparut derrière une muraille lumineuse.

On nous reconduisit à notre réservoir… c’était là désormais que nous devions vivre…

C’était fini ! tout espoir de fuite était désormais inutile… nous étions et nous demeurerions les prisonniers des Martiens…

Fred pleurait à chaudes larmes… moi je l’aurais bien imité, mais je me contins et m’efforçai d’avoir l’air aussi crâne que le docteur.

Le vieil homme ne semblait nullement attristé ; derrière les verres de ses lunettes c’étaient toujours les mêmes yeux calmes et profonds… on eût dit que rien ne s’était passé.

Après avoir mangé quelques pilules, Fred et moi nous nous couchâmes…

Seul le docteur veilla.

On lui avait laissé son télégraphe sans fil, et il allait continuer à envoyer à la terre des dépêches qui probablement ne dépasseraient pas quelques milles de distance… Pauvre docteur Oméga ! À ce moment il me faisait pitié tant j’étais convaincu de l’inanité de ses expériences, et cependant je l’admirais… oui je l’admirais pour son opiniâtreté, pour son inébranlable foi en cette science qui le trahissait.

Au milieu de la nuit je fus réveillé en sursaut par la voix de mon vieil ami… une voix claire, chaude, vibrante que je ne lui connaissais pas.

— Monsieur Borel… Monsieur Borel… ils ont répondu… oui… ils ont répondu.

J’ai reçu une dépêche d’Helvétius… du grand Helvétius !!…