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LE DOCTEUR OMÉGA

Lorsque enfin, nous aperçûmes les échafaudages gigantesques, les ponts métalliques et les belvédères de la Cité du fer, je ne pus réprimer un geste de dépit.

Quant à Fred, il était navré, et je vis une grosse larme glisser lentement le long de sa joue…

Les rues et les places étaient noires de Martiens ; notre arrivée avait été signalée et toute la population s’était rassemblée, curieuse d’apprendre la cause de notre départ précipité.

À peine le Cosmos fut-il arrêté qu’un Mégalocéphale se précipita au hublot et regarda dans l’intérieur du véhicule. En apercevant ses congénères, il poussa un petit hurlement de joie et s’écria :

Lozi na Boulanoï ! (ils ne sont pas morts !).

Et les Martiens nous entourèrent en sautant comme des fous.

— Tout va bien, pensai-je.

Mais un Mégalocéphale s’avança gravement au-devant de nous et dit au docteur :

— Le Grand Razaïou veut vous voir…

Ces mots me glacèrent le cœur…

On nous fit monter dans un véhicule martien et nous nous dirigeâmes vers le palais du Roi…

Celui-ci nous reçut dans la grande salle du Trône, cette salle si somptueuse qui avait fait notre admiration quelques mois auparavant.

Razaïou paraissait courroucé ; des veines bleues apparaissaient sur son front couleur d’ivoire et sa bouche triangulaire avait des frémissements de mauvais augure ; il agitait nerveusement son sceptre lumineux dans ses tentacules gris et ses jambes de sauterelle se tendaient et se détendaient avec des mouvements brusques.

Le docteur s’approcha du trône, fit les salamalecs d’usage et prononça :